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Detach-10

La série « Détachement » évoque un retour à l’essentiel, loin des bruits du monde et de ses divertissements. Les photographies de Hengki Koentjoro immortalisent ici « un refuge dans de petits moments », une sorte de rupture, une prise de distance face aux perturbations extérieures.

« Detachement » #10 saisit un état de profonde sérénité. Au milieu d’une mer blanche et lisse, quelqu’un médite dans une petite pagode comme perdu dans l’univers et, paradoxalement, au même instant profondément relié à l’infini. L’utilisation du noir et blanc contribue largement à la précision des lignes qui transmet ce puissant sentiment de stabilité intérieure et d’harmonie. « J’utilise le noir et blanc parce que je tiens à me séparer du monde réel. Avec cette technique, je peux exprimer librement et clairement mon idée dans un monde irréel. J’aime jouer avec les formes, les lignes, aussi bien qu’avec la texture et les compositions. Seul le noir et blanc peut mettre en valeur ces éléments et permettre d’y concentrer l’attention », explique Hengki.

Ces photographies ont pour moi la puissance d’une révélation, très proche de Pascal (notamment dans ses Pensées # 136) qui mérite d’être méditée:

« J’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre ».

Le photographe choisirait plutôt l’esprit d’un Haiku pour toile de fond de son œuvre:

« Je recherche généralement des paysages qui incarnent l’esprit des Haiku. Un Haiku est un poème japonais accompagné d’une image qui dépeint la nature dans un style minimaliste. Habituellement, cette image est une peinture japonaise à l’encre et au pinceau traditionnel. L’Haiku parle des sens : ce que vous voyez, entendez, sentez, touchez et goûtez. Dans la photographie, nous avons plutôt affaire aux sentiments, à l’ambiance, aux nuances de l’atmosphère. Ce que je cherche est une photo qui traite des espaces négatifs : le vide de l’espace rempli par un seul objet. L’atmosphère minimaliste est de la plus haute importance. »

 

Un des haïku de Basho correspondrait parfaitement à cette image et à son atmosphère euphémistique :

« Qu’il est admirable

celui qui ne pense pas : « la vie est éphémère »

quand il voit l’éclair de l’orage ! ».

 

Comme un poète de haïku, le photographe cherche à aiguiser tous ses sens pour devenir un avec le paysage : l’image parvient alors à saisir cet instant fugace mais suprême de communion et de connexion et nous offre la possibilité de faire l’expérience, à travers son art, d’un moment de profonde contemplation, de toucher une réalité transcendante. L’art de Hengki Koentjoro, à l’instar de cette poésie, rend réel ce dont il parle : le détachement. Retirer tout ce qui est superficiel ou inutile, se concentrer sur l’essentiel, abandonner tous les divertissements : simplicité, tel est le mot clé. Parce que, comme l’artiste le dit : « montrer moins, c’est montrer plus ».

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