On dit souvent de la musique de Davide Swarup qu’elle s’adresse à « l’âme ». En tant que musicien de Hang, il est en effet unique : il inspire et éloigne notre esprit des pensées ou des mécanismes mentaux habituels.
Ecouter ses mélodies est une façon de méditer. Davide lui-même joue dans un état méditatif, laissant la musique venir à lui, sans ego, sans aucun contrôle pour interférer ce qui est reçu. L’énergie circule à travers lui, comme s’il en était seulement le canal : ses compositions lui sont inspirées d’un ailleurs et c’est ce qui les rend si spéciales. Son corps, ses mains et ses doigts, entièrement détendus et relâchés, viennent traduire un au-delà et exprimer dans sa plus pure version l’ici et maintenant. Grâce à l’improvisation, le moment présent se révèle dans toute sa beauté. L’une des phrases préférées de Davide est la suivante : « voyons ce qui va se passer ». C’est réellement cet « happening » que l’on peut entendre dans sa musique, qui apparaît comme un hommage à chaque instant qui passe. Davide nous donne à entendre la puissance de la pleine conscience, la liberté intérieure à partir de laquelle la vie elle-même s’exprime.
Assister à un concert de Davide Swarup a quelque chose de très spécial : on peut ressentir l’énergie subtile et invisible qui accompagne les vibrations de son Hang. Le musicien semble être la voix du divin qu’il fait entendre à notre cœur et à cette partie plus profonde de nous-mêmes. En touchant cet espace intérieur, la musique fait bouger et battre quelque chose en nous-mêmes.
L’une des réactions les plus courantes lorsque les gens l’entendent jouer pour la première fois, c’est de s’arrêter. En jouant dans la rue, Davide a souvent vu des piétons passer devant lui, puis s’arrêter brusquement et revenir en arrière : pour écouter. Quelque chose, un espace intérieur et assoiffé de l’âme, les retenait et réclamait sa musique. Pour se laisser aller, pour s’apaiser, pour se synchroniser.
La beauté du son du Hang et ses fréquences dégagent en effet un profond sentiment d’harmonie intérieure, encore plus forte grâce à la grande symbiose que Davide entretient avec son instrument.
Pour Davide, les choses sont très simples. Comme il le dit, « Je joue juste ce que j’aime ».
Cela, nous pouvons parfaitement l’entendre.
Au sujet du Hang
Créé en janvier 2000 par les accordeurs de PANArt à Berne, en Suisse, le Hang est le fils du pan en acier – ou tambour en acier – qui est né après la Seconde Guerre mondiale, lorsque la marine britannique et américaine a laissé des milliers de barils de pétrole sur la Trinité. D’abord, le pan en acier était un instrument seulement rythmique ; puis des musiciens locaux ont découvert comment travailler la surface de jeu pour créer différentes mélodies, le pan en acier est alors devenu un instrument mélodique. D’intensives recherches de Panart sur son acoustique, avec des physiciens, des ingénieurs, des métallurgistes et des ethnomusicologues, durant plus de vingt-cinq ans, ont abouti à la création du Hang : nés d’un mariage entre l’art et la science et d’études sur les gongs, les cloches, les tambours, les barres, les plaques et les coques, le Hang tire son nom d’un mot bernois signifiant ‘main’ : voilà l’immense originalité de ce drum qui se joue à main nue.
Cet instrument en lui-même est un petit monument, digne de l’architecture de constructions comme le toit catalan de la cathédrale de Gaudi et accordé comme une sculpture sonore. L’objectif était de créer un instrument qui donnerait une grande liberté artistique au joueur. Pour régler la palette d’intervalles de l’instrument, PANArt a étudié et testé à l’intérieur d’une sorte de cathédrale acoustique la résonance du Hang lorsqu’il est joué sur les genoux. Accorder un hang – pour définir sa forme, pour lisser, frapper ou étirer le métal, vérifier la symétrie et la vibration – est un véritable art.
Les acheteurs potentiels devaient aller en personne – sur invitation seulement – à l’atelier PANArt à Berne pour obtenir leur Hang et se porter candidat en spécifiant leur motivation dans une lettre en bonne et due forme. Malgré une demande toujours croissante, et après avoir fait environ 7000 instruments, PANArt a décidé d’arrêter de produire le Hang en 2013. D’autres ont pris la relève.
On compte plus de cinq mille joueurs de Hang dans le monde entier, ce qui montre la résonance profonde de cet instrument sur les individus. Le Hang est aussi reconnu pour ses vertus médicinales – le sang artériel ralentit, la douleur est apaisée – et l’on considère ses sonorités comme magiques.
« Music for Hang », Davide Swarup, 2007