‘Voyage éthéré ; Sur la Route de la Soie‘ est un voyage dans le temps et l’espace. Il retrace aussi le voyage intérieur de l’artiste Alain Guillon qui peint en état de profonde inspiration et contemplation.
Sensualité et délicatesse des papiers de soie roses peints de bleu qui évoquent des étoffes brodées, raffinées et précieuses d’un orient lointain. Poésie des pétales blancs et délicats qu’un vent léger emporte en voyage à la fin d’un printemps. Verdeur et fraîcheur d’un jardin persan encore endormis à l’ombre du soleil, douceur d’un parfum de menthe. Ce tableau représente aussi l’infini en mouvement : c’est une steppe immense parcourue au galop d’un cheval, ouverte à l’espace et à la liberté, c’est un voyage dans les lointaines contrées d’une Chine ancestrale habitée de légendes et de mythes.
« Dans le mot ‘voyage’, explique Alain Guillon, je ne pense pas au déplacement que l’on fait d’un lieu à un autre, d’un pays à un autre, d’un continent à un autre en bougeant physiquement. Mes tableaux sont en lien avec le spirituel, le voyage l’est aussi ; le voyage spirituel ou ésotérique, par la méditation, par l’émotion, par la vision, par l’intuition, en lien avec le corps éthéré qui peut se déplacer sans le corps physique puis le réintégrer. C’est aussi le voyage de la vie, des vies antérieures. J’ai le profond sentiment que le Temps est bien autre chose et bien plus que le découpage mathématique que nous en avons fait, certes bien pratique au quotidien pour se repérer et voyager dans le monde, mais qui limite la vision que l’être humain se fait de la Vie. »
« Voyage éthéré ; sur la Route de la soie » est en cela un voyage dans le temps et l’espace. Il retrace aussi le voyage intérieur de l’artiste qui peint à partir d’un état d’inspiration et de contemplation. Ainsi, contrairement au processus créatif habituel chez cet artiste, qui consiste à laisser naître les émotions à partir d’une musique d’où le tableau prendra corps, les ‘Voyages éthérés’ dont ce tableau fait partie inversent le processus de la réalisation : le point de départ repose entièrement sur une connection profonde avec l’intériorité :
« J’essaie de me mettre à l’écoute de mon propre chant intérieur, explique Alain Guillon. Ce chant intérieur est chaque fois différent selon mon énergie du moment et ce à quoi cette énergie est reliée ou connectée – cette part invisible de la vie qui définit tout ce que je ne vois pas et ne connais pas. J’entre en méditation pour me mettre à l’écoute de ce qui vibre en moi. J’écoute mon silence intérieur jusqu’à ce que je ressente des vibrations, des sensations de rythme, et perçoive des couleurs. Toutes ces sensations me guideront dans mes choix de couleurs, de matériaux, de papiers, de composition et de rythme graphique pour réaliser le tableau. Je ne sais pas vraiment où je vais, je me laisse guider, comme une sorte de « visionnaire émotionnel », qui ne cherche pas à réfléchir mentalement, mais à écouter émotionnellement et pleinement ses vibrations intérieures. Je ressens des sensations qui m’amènent à une sorte de globalité émotionnelle intérieure, et cela me suffit pour commencer mon tableau. Je découvre son évolution au fur et à mesure qu’il se construit sous mes yeux.
Tout au long de la réalisation de celui-ci, j’essaie toujours de rester dans l’équilibre et l’harmonie qui se tissent entre mes sensations et ce que je vois se dessiner au fur et à mesure que la construction du tableau avance. Je sais quelle couleur utiliser, quelle qualité de papier choisir ; y aura-t-il de la transparence ou de l’opacité ou bien les deux, y aura-t-il des végétaux ou non… Les qualités et les caractéristiques propres des matériaux que j’utilise dans mon tableau entrent ou non en écho avec les émotions que j’ai ressenties. Il y a ce jeu constant « d’équilibriste » entre le ressenti émotionnel et l’aspect visuel du tableau qui s’accomplit sous mes yeux. L’un me renvoie à l’autre et vice-versa. Je ressens des sensations qui m’amènent à une sorte de globalité émotionnelle intérieure, et cela me suffit pour commencer mon tableau et choisir les couleurs, les papiers… etc. Tout passe par l’émotion, le tactile et le visuel. »
Lorsque le tableau lui semble en parfaite harmonie avec les sensations de la médiation, lorsque les émotions intérieures et le visuel du tableau se font écho l’un l’autre sans fausse note, c’est le signe que le tableau est achevé. Alain ajoute :« si je sens intérieurement que cet équilibre n’est pas atteint, alors je prends le temps d’observer mon tableau pour ressentir et comprendre ce que je peux améliorer encore pour atteindre cet équilibre. Et ce qui me surprend un peu à chaque fois, c’est que les sensations de ma méditation ne me quittent pas tant que le tableau n’est pas terminé, même si cela prend deux mois et même si j’en réalise plusieurs en même temps en partant de méditations différentes. Les émotions restent en moi jusqu’à la finalisation du tableau. Ensuite, elles s’estompent petit à petit, jusqu’à disparaitre et il ne reste que le tableau pour en témoigner. »
Les matériaux choisis relèvent de cette même recherche d’équilibre intérieur qui s’exprime par un jeu avec la lumière. La qualité du marbre reconstitué à partir de poudre varie selon le dosage, d’un marbre très blanc à un marbre transparent ou translucide. La feuille de cuivre doré prend la lumière et fait vibrer le marbre différemment, donnant de la profondeur à l’oeuvre. Ainsi, c’est la vibration des matériaux entre eux et sous l’effet de la lumière qui fait vivre le tableau et le fait évoluer sous notre regard selon l’angle d’où on le contemple. C’est la même recherche avec les papiers de soie ou les papiers japonais posés sur la feuille de cuivre doré.
« Tous les matériaux que j’utilise dans mes tableaux doivent vibrer et réagir à la lumière pour créer des jeux subtils et délicats de transparences, de superpositions, de contrastes, lesquels vont donner au tableau toute sa force visuelle et graphique, ainsi que sa profondeur », explique Alain Guillon
Si « La Route de la soie » est un voyage, c’est donc un voyage intérieur vers la lumière, une lumière conquise au-dedans et exprimée au dehors dans l’équilibre des matériaux et de la composition. Quelle est cette lumière ? Le spectateur pourra la voir, la sentir, la ressentir lorsqu’il sera face à un tableau d’Alain Guillon. Il fera l’expérience de l’équilibre et de la contemplation intérieure, parcourant à son tour le chemin accompli par l’artiste lui-même :
« Lorsque je peins, je sais, je sens que je suis relié à autre chose qui ne dépend pas du lieu où je me trouve. Une partie de moi-même, sur un plan énergétique, semble voyager vers une autre énergie pour échanger, partager ou simplement donner ou recevoir. Il se passe quelque chose sur un autre plan qui n’est pas matériel et avec ces impressions, revient ce profond sentiment que le Temps n’existe pas, du moins comme nous le définissons. Le Temps est lié à l’Espace ; il est infini, intemporel, éternité. »
‘Sur la Route de la soie’ nous ouvre à un voyage des sens et, avec ses secrets et ses mystères, à un voyage de l’Âme.
Voyage éthéré ; Sur la Route de la Soie (2013) – 2 x 80cm x 80cm – feuilles de cuivre doré, papier de soie rose ou neutre, papiers japonais en fibres ou voiles intissés, poudre de marbre reconstitué, végétaux séchés (feuilles d’immortelle), peinture et pigments colorés (utilisés pour l’impression des tampons indiens), vernis.